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cinéma provençal et marseillais
10 avril 2020

Toinon Annie

 

 

Toinon

(née Augustine Louise Fernande Roustain)

 

Comme Alida Rouffe elle est née en 1875... mais à Marseille.
Comment et pourquoi est-elle montée à Paris ??? Mais faut-il se poser cette question ? Car quasi tous les films où elle a joué, ont été tournés essentiellement à Marseille et sa région.
Elle joue dans "Fanny", le rôle d'une parente à Maître Panisse, avec Odette Roger et Louis Boulle, descendus de la montagne pour honorer l'enfant qui vient de naître ; puis on la voit dans "Jofroi" et surtout dans Angèle où elle joue le rôle de la femme de Barbaroux (Poupon). Elle y est extraordinaire d'humanisme, de patience. Elle console Saturnin quand son maître le rudoie, elle calme Clarius Barbaroux, aide sa fille, Angèle, à supporter d'être enfermée dans la cave. Je crois qu'elle a surtout fait du théâtre dans la région et n'a tourné que 10 films dont 5 avec Marcel Pagnol dont il faut rajouter "Cigalon" et "Merlusse" aux autres films cités. On ne sait rien sur Annie Toinon. Les biographes, les acteurs ayant écrit un livre ne parlent pas d'elle. Dommage ! C'était une grande actrice.

Elle est décédée en région parisienne en 1967.

 

 

 

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21 mars 2020

Ardisson

 

Ardisson

ARDISSON1
"Arrêtez de sonner les cloches, ça me fait des chatouilles" (Manon des Sources)

"L'eau, couiiiic" (Manon des Sources)

 

(né Jules André Edmond Ardissons)

 Ardisson est né en 1904 à Marseille. Comme Andrex, il n'a tourné qu'un seul film avec Pagnol : "Manon des Sources", mais on se rappellera de lui, accroché au clocher par le pantalon.

Il semble être "monté" assez vite à Paris où il n'a cessé de tourner des films. Mais quelle carrière ! Qu'on en juge : 75 films entre 1938 et 1978, dont "La Marseillaise" (il y a des scènes magnifiques entre lui et Andrex dans ce film), "Sous le ciel de Paris", "Edouard et Caroline", "Le boulanger de Valorgues", "Manon des sources" où il joue le rôle du fontainier, "Ali Baba et les 40 voleurs"..... Il est gai, enjoué. Y-a-t-il un film où il ne sourit pas ?

Je sais peu de choses sur Ardisson. C'est certainement Andrex qui en parle le plus et le mieux dans son autobiographie "on ne danse plus la java chez Bébert". Il raconte qu'à Marseille, au milieu de tous ces artistes Marseillais, se trouvait un acteur du nom de Moned, qui plus tard en montant à Paris se fit appeler Ardisson (c'était alors la mode des noms de famille chez les acteurs). Dans son autobiographie, Andrex dit combien cet être merveilleux lui manque.
Il est mort en 1983 dans un hospice de la région parisienne.


Sources : L'Encinémathèque - "On ne danse plus la java chez Bébert" Andrex - "Marseille sur scène

 

 

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26 mars 2020

Chabert Marguerite


(née Marguerite Joséphine Guégant) 

 Elle est née en 1886 à Marseille.

Dieu merci ! Marcel Pagnol l'a immortalisée en lui offrant le magnifique rôle de la mère d'Hypolite (le garçon à la tête bandée) dans "Manon des Sources".
Elle commence assez jeune (elle a 23 ans) une carrière au music-hall. Elle est dans presque toutes les opérettes et revues humoristiques du Palais de Cristal (sur la Canebière). En 1919, elle fait partie d'une troupe où l'on trouve enfin Mouriès (l'Escartefigue de "Fanny"). Puis elle devient quasi pensionnaire de l'Alcazar. En 1930, elle remplace Alida Rouffe, malade, et joue le rôle d'Honorine au théâtre de l'Odéon à Paris. Elle a beaucoup de succès. En 1935, Pagnol fait appel à elle pour jouer le rôe de Madame Toffi (la concurrente de Cigalon) dans "Cigalon". En 1937 elle se retrouve à Paris pour une revue "Ca c'est Marseille" avec Raimu, Henri Varna (originaire de Marseille et directeur du Casino de Paris et de 5 ou 6 autres salles)...  La même année, Marcel Pagnol la rappelle pour jouer le rôle de Martine dans "Regain". C'est elle qui crie à l'aide mais donne moults détails avant d'expliquer qu'Arsule est agressée par des bûcherons !

CHABERT-regain
"Attendez que je vous explique"

Elle enchaîne avec des operettes de Sarvil, Alibert et Scotto. En 1950, elle reprend "Marius" et "Fanny" à l'Alcazar.

En 1952, Pagnol l'appelle une dernière fois et lui propose le rôle de la mère de Polyte, l'amoureux éconduit par Manon. Elle y est irrésistible en mère-poule excessive et autoritaire.

 

ils-ont-failli-le-tuer(2)
"Mon fils ne parle pas comme ça à la maison" 

 "Manon des sources" est son dernier film. Elle est décédée dans sa belle ville en 1955.

 

 

                                           

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22 mars 2020

Bassac Robert

 

Bassac

 

 

 

 

 

 bassac-curé
"Va-t-en espèce de brigadeù, va te cacher fondu"- (La femme du boulanger)

 

(né Robert Bassac) 

Ce merveilleux acteur est né à Nice en 1910.

Pas très grand, mince, le visage plutôt anguleux, des lunettes qui lui "bouffent" le visage. Voilà Robert Bassac.
D'abord rédacteur au "Petit Provençal" (avant que le journal ne se déclare pro-vichyste puis ouvertement pro-nazi), Alexandre, sociétaire de la Comédie Française l'entend réciter des poèmes, l'aide à se lancer dans la carrière artistique. Tès vite, il a Françoise Rosay comme marraine (que rêver de plus !!).

C'est Pagnol qui le "remarque" au théâtre du Gymnase à Marseille (dont le directeur est Franck Esposito, directeur également de l'Alcazar). Pagnol lui propose un petit rôle dans "César" (l'ami de Césariot). Il impressionne déjà par son jeu vrai, juste. Puis il est cité dans "Regain" !!

 

monsieurl'estituteur
(Hé oui ! C'est vraiment un village de crétins)

 Enfin c'est la consécration, rapide, fulgurante : il joue le rôle de Dromart, l'instituteur dans "la femme du boulanger".

 


"Ha ! viens que je dénude ce corps, que je flatte cette croupe" 

Il est irrésistible, quand Mademoiselle Angèle, grenouille de bénitier, refuse de rentrer chez elle afin de permettre à la boulangère de réintégrer son foyer sans devoir affronter le regard hostile des villageoises. Voyant que Melle Angèle reste sur le trottoir, l'instituteur lui fait une déclaration d'amour enflammée : "viens que je dénude ce corps, que je flatte cette croupe". Affolée, celle-ci se barricade chez elle et tout en fermant ses volets lui dit "Monsieur, si vous avez des intentions sérieuses, venez demain au grand jour" !!! Une autre scène est jubilatoire : quand l'instituteur et le curé se disputent au sujet de l'instruction des enfants. La conversation se termine par des insultes : "brigadéù" "vade retro satanas", "va te cacher fondu" !!!. La aussi, fou-rire garanti. Puis il tourne 3 films "parisiens". Il n'aura pas eu le temps de jouer dans "La fille du puisatier", "Manon des sources", car dès 1939, alors âgé seulement de 29 ans, il s'engage dans la guerre. Il est tué lors d'une patrouille. Il reçoit à titre posthume la médaille de la Croix de guerre.

Sa dépouille est ramenée à ses parents en 1943. Il est alors enterré à Vallauris.

Il nous manque quelque chose dans le cinéma provençal. C'est lui, avec sa voix bien particulière, sa silhouette droite, toujours alerte, sa droiture, son empathie pour les plus faibles, sa tolérance et son amour de l'Humain.


Sources : L'Encinémathèque - "Confidences" de Pagnol -

 

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4 avril 2020

Pagnol J.

(née Jacqueline BOUVIER)
         Petit clip en musique hommage à
       Jacqueline Pagnol

 

 

 

ilm'aditsalope

 "Il m'a dit Salope et puis Ordure et quelque chose que je ne peux pas dire"
"Chuchotez-le moi à l'oreille"
"Pssss ! Pssss ! Pssss !
"Hein ? Pourquoi les Grecs, plutôt que les Turcs ou les Bulgares ? 
(le gendarme)

 

Pagnol avec la mameche

Que dire de Jacqueline Pagnol ? Qu'elle est splendide ? Qu'elle a du talent ? Qu'elle est émouvante ? On le sait tous !

Jacqueline Bouvier est née à Malakoff (près de Paris) en 1920, mais sa famille est du Gard. 


Marcel Pagnol la remarque en 1938, mais il est amoureux de Josette Day. En 1943 elle a la chance de jouer dans le film "Adieu Léonard" des frères Prévert. En 1944, elle croise à nouveau la route de Marcel Pagnol et c'est en 1945, après s'être séparé de Josette Day qu'il fera sa vie avec Jacqueline et créera pour elle "Naïs" (tiré d'une nouvelle de Zola). Elle a (déjà) pour partenaire Raymond Pellegrin, Poupon et Arius qu'elle retrouvera 7 ans plus tard dans "Manon des Sources". Elle est d'une beauté à couper le souffle. Poupon, père hargneux, violent, jaloux est impressionnant. En 1948 c'est "la belle meunière" puis "le rosier de Madame Husson" sur un scénario de Pagnol. En 1951, elle joue à nouveau aux côtés de Fernandel dans "Topaze". Elle semble si jeune, si innocente dans le rôle de mademoiselle Muche (hum ! hum !!). La même année elle enchaîne avec "Adhémar" de et avec Fernandel (que devait tourner Guitry, alors malade)

En 1952, c'est la consécration : "MANON DES SOURCES" !! Elle y est superbe, bouleversante, émouvante, rebelle, révoltée et pourtant si fragile. La scène la plus bouleversante est certainement celle où elle raconte aux hommes du village les souffrances endurées par sa famille, faute d'eau !! Les sanglots qu'elle a dans la voix, nous arrachent le coeur !

PAGNOL


Il y a beau avoir plusieurs versions de "Manon des Sources", il n'y aura qu'une seule et unique Manon : Jacqueline Pagnol. 

 

Pagnol avecFernandel

J'avais lu dans un livre qu'elle était très fidèle en amitié et bien souvent elle aidait une amie chère à trouver des rôles (impossible de retrouver le livre. J'y reviendrai) !! 
Elle a eu 2 enfants aux prénoms magnifiques, provençaux : Estelle (qui est la protectrice des Félibres) et Frédéric. La petite Estelle, rejoint les anges à l'âge de 2 ans, laissant ses parents, ses amis dans une tristesse infinie.

Jacqueline Pagnol est allée rejoindre Estelle en 2016. Elle repose aujourd'hui, aux côtés de son mari, Marcel Pagnol, dans le petit cimetière de la Treille (Marseille). Qu'ils soient heureux dans l'au-delà 


Sources : "les films de Marcel Pagnol" de Castans et Bernard - "Marseille, Port du 7ème Art" Armogathe et Echinard - "Il était une fois Marcel Pagnol" Castans

 

 

 

 

 

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2 avril 2020

Mathis Milly

 

Mathis 
 - Ecoute ma petite Fanny, dans une famille il peut y avoir une fille mère ou une garce. Ca se pardonne ! Mais chez nous, c'est impossible, parce que notre soeur Zoé a déjà pris la place !!

la-fille-du-puisatier-1940-13605

 

(née Emilienne Tomasini)

Elle est née à Marseille en 1901. Après quelques années de music-hall, elle monte à Paris où elle tourne son premier film en 1930 : "Méphisto" (sombre histoire d'espionnage). Elle tourne encore 6 films avant de rencontrer Pagnol en 1932 qui l'emploie dans le rôle de l'adorable tante Claudine, dans "Fanny". Avec un courage immense elle affronte " l'hargneuse" Honorine qui veut "mettre un pastisson" à Fanny en apprenant sa grossesse :

 

"Quand une fille a un amant, elle attrape plus facilement un enfant que des millions"

 

"Dans le langage des savants "l'embouligue" c'est une maladie"

Elle est l'une des actrices préférées de Pagnol. Il aurait aimé lui confier des rôles plus importants au cinéma. Il lui confie un premier rôle au théâtre, dans "Fabien" ; mais la pièce n'a pas de succès. Après quelques personnages dans les films de Cammage, Tourneur...., elle joue à nouveau le rôle de Tante Claudine dans "César" ; puis dans "Regain" elle est Belline, la femme de Jasmin (Blavette). Elle y est odieuse, intéressée... avec son beau-père, le père Gaubert (Delmont)

- Bien sûr qu'il gêne, mais on est bien obligés de le supporter puisque c'est le père. Les vieux ça gêne toujours. Mais on peut pas les tuer !!!

D'autres rôles suivent. Dans "la fille du Puisatier", elle est la soeur de Raimu, Nathalie "qui a fait des choses graves dans sa jeunesse" et qui accueille la belle Patricia à Fuveau, qui elle aussi a fait des choses graves.
En 1950, Guitry fait appel à elle, dans le joli film "le trésor de Fontenac" ; elle y est hilarante. Puis elle joue dans "Topaze" aux côtés de Fernandel (la Baronne PITART-VERGNOLES). En 1952, elle est Amélie, la femme du Pamphile (Blavette) dans "Manon des Sources". Une fois de plus, elle est irrésistible  : 


"Vous savez, la petite sorcière qui a voulu tuer le Polyte, il paraît que c'est une beauté et que ça ressemble à de l'or......et que sa poitrine, c'est une chose de toute beauté. Mais dis-moi mariasse, mon corsage à moi, ça ressemble à rien ?
- Ho que si Amélie ! Ca ressemble à deux coucourdes !

En 1958, elle a un joli rôle dans le film de Villiers "l'eau vive", où elle joue aux côtés de ses amis Blavette, Arius, Panisse qu'elle retrouve avec plaisir.
Elle a tourné 56 films en 29 ans. Il est surprenant de voir qu'elle a cessé sa carrière à l'âge de 57 ans et que dans la misère, elle a bénéficié d'une aide de l'association "la Roue tourne" association créée par Paul Azaïs, pour les artistes en grande précarité.
Milly Mathis est morte à Salon-de-Provence en 1965. Elle est inhumée à Saint-Pierre.


Sources : Wikipédia - l'encinémathèque - "Confidences" de M. Pagnol - "Les excentriques du cinéma français" de R. Chirat

 

 

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9 avril 2020

Sarvil René

 

 

 Sarvil

 sarvil-pellegrin

"Relevant la dite...
"La quoi ?" demande l'instituteur surpris
"Oui, cette tournure m'a permis d'éviter la répétition du mot "tête" ! Le texte est de moi"
"Ca se voit" (l'instituteur sarcastique)

René Crescenzo - Sarvil 

Il n'est pas seulement l'oublié de la Canebière, mais de l'opérette, du music-hall et du cinéma en Provence.
René Sarvil est né à Toulon en 1901, mais passe son enfance à Marseille. Il monte à Paris où Alibert lui propose une collaboration. Scotto (beau-père d'Alibert) se joint à eux. Il a écrit près d'un millier de chansons pour les plus grands chanteurs de l'époque et moultes opérettes : "Un de la Canebière" "Au pays du Soleil", "3 de la Marine"....

Pourquoi parlait-on des operettes d'Alibert en oubliant Sarvil ? Peut-être était-il plus réservé ? Peut-être "était-il plus dans la création ?!! En tout cas, c'est une grande injustice que Georges Crescenzo et Michel Allione ont réparé en lui rendant un bel hommage dans une biographie : "Sarvil, l'oublié de la Canebière".

Il ne s'est pas contenté d'écrire des chansons, de composer des musiques ; il a aussi joué au cinéma, des films moins marquants que ses chansons. Il a joué dans ses opérettes filmées par René Pujol, de Cannonge. Il est hilarant dans le rôle du mari dans "3 de la Canebière". Marcel Pagnol fait appel à lui pour jouer le rôle du gendarme qui pourchasse Manon des Sources. Il est irrésistible quand avec l'instituteur ils forment un tribunal pour juger les affaires dont Manon est (injustement ?) accusée ; puis pour "Les lettres de mon moulin" où il joue le rôle du cuisinier du château de Trinquetaille dans "Les 3 messes basses" !


René Sarvil est mort à Marseille en 1975.

Sources : "L'oublié de la Canebière" de Georges Crescenzo et Michel Allione

A mon avis, le plus beau chant de Noël au monde, écrit par Sarvil et chanté par Alibert :

https://www.youtube.com/watch?v=keNj8YDGy7U

 

 

 

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7 avril 2020

Rellys Henri

 

 

                                                              Un extrait d'anthologie dans "Manon des Sources"

 

 

Rellys

(né Henri Marius Roger Bourelly)
"Manon je t'aime d'amour ! Je t'ai-ai-ai-aime ! "

Rellys est né en 1905 à Marseille. Très tôt il se lance dans la chanson. On l'appelle Brioche dans les petites salles marseillaises où il se produit (il était pâtissier). Timide, réservé, il arrive malgré tout à monter sur scène et à chanter. Comme Tramel, comme Raimu, comme Fernandel et tant d'autres, il chante d'abord les comiques troupiers. C'est Alibert qui le remarque et l'embarque dans son opérette "Au pays du soleil". C'est le succès immédiat. Pagnol lui propose un petit rôle dans "Merlusse" (le garçon qui sert les enfants restés au pensionnat à Noël). Entre un film ou deux, il continue à se produire dans les opérettes de Sarvil et Alibert. Pagnol l'appelle à nouveau pour jouer dans "César". Il y tient une fois de plus un petit rôle. Il tourne une soixantaine de film, dont "Manon des sources" en 1952 (certainement le rôle plus plus abouti, le plus émouvant, particulièrement quand il fait sa déclaration à Manon), "Les lettres de mon moulin" où il joue le rôle du Révérend Père Gaucher, "Heureux qui comme Ulysse" (ou pour une fois on le voit malheureux), "Crésus" de Giono. Il a arrêté sa carrière cinématographique en 1978. Dans les années 80, on pouvait l'apercevoir quelquefois sur l'avenue du Prado avec son sac. Le plus simplement du monde, il allait faire des courses. Des acteurs "Pagnoliens" c'est certainement le plus discret, le plus réservé, le plus timide aussi (dans quelques films il bégaie et on se demande si c'était un jeu ou naturel).

En 1986, il était aux côtés de Jenny Hélia et d'autres artistes à l'Opéra de Marseille. La même voix, la même démarche et pour nous le même plaisir et une grande émotion de le retrouver !


Il nous quitte discrètement en 1991 et est enterré à Marseille.

 

 

 

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27 mars 2020

Charpin

 

VENELLE-boulanger
"Mon brave Boulanger, en plus d'être cocu, tu es couillon !!"

 

Malheureux ! Répète un peu pour voir

"Pôvre petit"
"Malheureux"
"Pôôôôôvre petit"
"Commerçant"

 

(né Fernand Charpin)

 Il naît à Marseille en 1887 mais passe son enfance à Venelles (près d'Aix-en-Provence). Il rêve de faire du théâtre et son père, homme large d'esprit l'encourage. Après des études au Conservatoire, il "fréquente" un temps très court les salles marseillaises. Dès 1910, il monte à Paris et est aussitôt "embauché" au Théâtre de l'Odéon.

Lui qui ne rêvait que de Comédie Française, de jouer Racine, Corneille, il se trouve bien au Théâtre de l'Odéon. C'est là que Marcel Pagnol sur l'insistance de Raimu, va le voir jouer dans "Chôtard et Cie". Le cinéaste est persuadé que Charpin fera un bon César. En entendant parler de pièce marseillaise, Charpin hésite. Pourtant, après avoir lu la pièce, enthousiaste, il donne son accord pour jouer César. Mais tout le monde connaît l'histoire. Raimu refuse de jouer le rôle de Panisse qui échouera à Charpin. Il y est époustouflant de justesse, de bonhomie.

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"Oui, j'ai oublié de vous dire que le Pitalugue est un peu jaloux"




Il est émouvant quand Fanny lui dit être enceinte et doit trouver un mari pour éviter le déshonneur à sa famille. Il sort d'un tiroir les lettres devant compléter son enseigne "Panisse....." : "ET, Feu, i, LEU, SEU.......et FILS. Tu vois Fanny, ce serait le plus grand bonheur de ma vie, avoir un enfant". Les Français découvrent un immense acteur.

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"Le peneke"

D'autres rôles suivront avec Pagnol : "le gendre de Monsieur Poirier", "la femme du boulanger" où clin d'oeil de Pagnol, il jouera le rôle du Marquis de Venelles (village où il a passé son enfance et sa jeunesse), "Le schpountz" (tu n'es pas bon à rien, tu es mauvais à tout !!), "la fille du puisatier" (assez antipathique dans ce rôle !!). Il tourne avec d'autres auteurs "parisiens" où (par nécessité ?), il perd son accent provençal. Il a tourné dans quelques grands films : le traître veule et perfide dans "Pépé le Moko", dans "la belle équipe", "Le Petit Chose"... mais ce sont de bien petits rôles pour un acteur aussi grand. Il aura quand même joué 68 films entre 1931 (Marius) et 1944.

charpin-linenoro-lafilledupuisatier
(avec Line Noro, commerçants peu sympathiques "La fille du Puisatier")

Il meurt en 1944 (deux ans avant Raimu) d'une crise cardiaque alors qu'il montait à son appartement au 7ème étage, l'ascenceur étant bloqué, faute d'électricité. Sa mort bouleverse tout le monde du cinéma et ses admirateurs. On ne sait malheureusement rien de sa vie privée. Il était marié mais on ne sait rien de sa vie privée. Sa disparition est une véritable catastrophe pour le cinéma provençal et français.


Sources : "Confidences" de Pagnol - "Raimu ou l'épopée de César" de Paul Olivier - "Charpin, un grand second rôle" de Beylie-Chirat-Sourice et Villien - "Raimu un grand enfant de génie" de Isabelle Nohain-Raimu

 

 

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29 mars 2020

Fernandel

 

Fernandelregain-arsule-gedemus

tu-n'es-pas-bon-a-rien-schpountz 

 

 

 

 

 

 

Pagnol avecFernandel

(né Fernand Contandin)

 

tout condamné
"tout condamné à mort aura la tête tranchée"

 

Que dire sur Fernandel qui n'a pas été dit et redit. Il est né bd Chave (à quelques pâtés de maisons de celle d'Andrex) en 1903. Il prend "Sined" comme nom de scène, puis adoptera celui de Fernandel (après sa rencontre avec celle qui deviendra sa femme). Il est l'un des rares acteurs ou chanteurs provençal à ne s'être jamais produit à l'Alcazar. Fernandel s'en explique ainsi : "je n'ai jamais fait l'Alcazar, car l'Alcazar était un Music-Hall, moi j'ai fait les cinémas" (Fernandel - Editions du musée de la Vieille Charité-Marseille). Dans les théâtres-cinémas appartenant à Paramount, passaient en première des chanteurs, des contorsionistes, des magiciens. Par la suite, des cinéastes "débutants" ou non (Marc Allégret, Serge de Poligny s'essayaient à la mise en scène en tournant des moyennes fictions de 10 à 40 mns qui passaient aussi en première partie de la séance. Il joue souvent des scènes marseillaises (ce que nous appelons aujourd'hui des sketchs) avec son ami Andrex : "A la poissonnerie", "les deux chasseurs"...... en 1932 ; "le moine distrait", "oui Bibi" en 1993 ; "Sur le quai du Port", "la partie de boules" en 1935....et encore en 1936, alors que son succès au cinéma est immense (il a déjà tourné "Angèle" "François 1er").
Quand Pagnol fait appel à lui pour jouer Saturnin dans "Angèle" on est en droit de se demander ce que le cinéaste a dans la tête. En effet, Fernandel a surtout joué des rôles de troufion, d'amuseur public, son jeu est caricatural. Mais Pagnol sait ce qu'il fait : le film est un succès sans précédent. On découvre un Fernandel bouleversant, l'amoureux transi avec ses yeux si tristes, sa tête rasée et sa grande naïveté. Certainement son plus beau rôle (avec "Naïs")


"Ecoute Médée, je vais te dire, je vais te dire, té je vais te dire...
Hé bé ! Dis-le !
Vé ! Je te le dis pas"




Après cela, il reprend sa série de films commerciaux entrecoupés malgré tout de quelques petites pépites : "François 1er", "un carnet de Bal"... 3 ans plus tard, Pagnol le rappelle pour jouer Gédémus dans "Regain". Visiblement, le succès public qu'il a depuis quelques années l'a "étourdi". Il cabotine malheureusement un peu trop dans ce film grave.


"Ca a fait hop"


Après le succès fabuleux du film, la reconnaissance éblouie des critiques (le public lui, lui est acquis depuis longtemps), en Novembre 1934 il écrit à Pagnol pour lui dire qu'il ne peut tourner avec lui car il a d'autres engagements. Il rempile avec des films aux titres "évocateurs" : "le chéri de sa concierge" "le cavalier Lafleur", "les gaités de la finance", "un de la légion", jusqu'à ce que 3 ans plus tard, il soit libre pour enfin jouer deux autres chef-d'oeuvre : "Regain" et "le Schpountz" tournés la même année par Pagnol.  

La même année, en 1937, il tourne "les rois du sport" avec Raimu : "on devait faire tourner deux vedettes dont chacune entendait ne pas laisser la préséance à l'autre. On devait exclure que l'un attende l'autre, ne fût-ce que 60 secondes, sur le plateau. J'en ai bavé" (citation de Françoise Giroud dans "Si je mens"). Rien à dire sur ce film !!


Et c'est encore un chef-d'oeuvre de Pagnol en 1940 : "la fille du puisatier".

raimu-fernandel-puisatier

Il est irrésistible, à l'égal de Raimu dans ce film : "aux côtés de Raimu, Fernandel rayonne, vibre, enchante, par la grâce de cette complicité rieuse, communicative, que le talent fait toujours naître" ("Raimu" de Maurice Perrisset). Paul Olivier (secrétaire et ami de Raimu) raconte qu'en voyant l'affiche du film "la fille du Puisatier" où Josette Day est en gros plan alors que les visages de Fernadel et Raimu, sont en médaillon, en bas de l'affiche, Raimu, contenant sa colère dit : "Vé ! On dirait Blanche-Neige et les deux nains". Il menacera tout de même Pagnol de poursuites. Pagnol ne traînera pas et changera l'affiche. En 1951, il tournera "Topaze" avec Pagnol. En 1945, il fait pleurer la France dans "Naïs" où il joue le rôle d'un bossu tellement émouvant !

 


(Les petits bossus sont de petits anges, qui cachent leurs ailes sous leur pardessus)

 

. On oubliera les autres navets qu'il a tourné pour nous rappeler surtout du magnifique "l'auberge rouge" qui paraît-il a été décrié à sa sortie, "Ali Baba et les 40 voleurs", "la vache et le prisonnier", "Crésus", le sympathique "Chômeur de Clochemerle" et le film qui reste pour moi le chef-d'oeuvre d'après-guerre : "Heureux qui comme Ulysse".

132 films en 47 ans de carrière. Henri Verneuil a raconté combien Fernandel, grisé par son succès était devenu insupportable dans le film "la vache et le prisonnier". Jacques Becker lui, trouvait que Fernandel jouait "trop marseillais" dans "Ali Baba et les 40 voleurs" (il aurait dû y penser avant !!!). Il y a eu quelques frictions pendant le tournage. Pagnol et Fernandel sont restés fâchés quelques temps. A leur réconciliation, Pagnol avait écrit une lettre à Fernandel en lui disant "tu resteras quand même un comique troupier" !!!
Fernandel était un immense artiste, caffi de talent. Mais, malheureusement, il a fait trop de concessions à mon goût et sa carrière semée de grand chef-d'oeuvre est quand même "entâchée" par des navets incommensurables. A Raimu qui lui demandait pourquoi il tournait tous ces films, Fernandel avait parlé de sa peur de ne plus avoir de succès et de ne plus pouvoir subvenir aux besoins de sa famille.

Il a eu 3 enfants (dont Franck Fernandel, merveilleux crooner provençal qui nous a charmés pendant des années). Fernandel est mort d'un cancer généralisé le 26 février 1971 et la France (le Monde !) perdait ce jour-là un de ses derniers immenses acteurs.


Sources : "Fernandel m'a raconté" de Raymond Castans - "Fernandel" Editions Vieille Charité à Marseille - "On ne danse plus la java chez Bébert" d'Andrex

 

24 mars 2020

Blavette Charles

 

Blavette

les anchois

- "Voici des anchois, Boulanger ! Je viendrai demain à 4 heures chercher mes fougasses"


LAMITIEMETOUFE
"Vé ! En attendant on ira chez le juge de paix et je te retire ma parole !!!"

content_le_castellet_la_femme_du_boulanger_par_jp_cassely3 - Copie
- "Barnabé l'amitié m'étouffe ! Tiens ! Changeons de chapeau !
(La femme du Boulanger)

 

(né Charles Ernest Jean Blavette)

Blavette est né le 24 juin 1902 à Marseille. A l'âge de 6 ans il perd dans la même année son père et sa mère et c'est sa tante et son oncle parternels qui l'élèvent. Dans son autobiographie "Ma Provence en cuisine" (où il parle effectivement surtout de recettes de cuisine), Blavette raconte qu'une année en communale il a obtenu "le prix du mal de tête" (excuse qu'il donnait lorsqu'il ne voulait pas travailler en classe). Il perd son temps à l'école, si bien que, dès l'âge de 10 ans il quitte l'école et entre en apprentissage avec son oncle qui lui apprend le métier de ferblantier.

En haut de la Canebière il y a le bar Noailles "fréquenté" par tous les artistes (Fernandel, Berval, Poupon, Alibert..). Blavette sympathise avec quelques uns de ces artistes, dont Poupon, qui, un soir de 1933, lui propose de jouer dans un film de Pagnol. Après bien des hésitations (coquetterie ? Car il rêve de faire du cinéma !), Blavette accepte et se retrouve à jouer le rôle de Tonin dans "Joffroi". Il est renversant de justesse. Pagnol est ravi : "Dès la première répétition, il nous surprit par son aisance, son naturel, sa sincérité" (M.Pagnol dans "Confidences").

En 1934, il joue le rôle du rémouleur dans "Angèle" avec Poupon (le rôle de Clarius Barbaroux était dévolu à Raimu mais l'acteur et le cinéaste sont fâchés). Dans "Regain" il est "Jasmin", le fils du père Gaubert (Delmont). Encore une fois bouleversant de gentillesse. 

BLAVETTE-gabrio-regain
Gabrio (Panturle) et Blavette (Jasmin) dans "Regain"

Puis, c'est la consécration : il obtient, grâce à l'intervention admirative et affectueuse de Pagnol, le premier rôle dans le chef-d'oeuvre "Toni" de Jean Renoir. Mais pour Blavette, c'est un mauvais passage. Renoir le trouve un peu "gras" et le met au régime, lui le fin gourmet, l'amateur de pastaga. Dans le film il est bouleversant aux côtés de Jenny Hélia. Il tourne encore avec Pagnol et cuisine entre deux prises !

En 1938, comme tous les acteurs, il sait qu'un chef-d'oeuvre se prépare : "La femme du Boulanger"

 

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(Ne ferme pas la porte, Tonin)

 


"L'amitié m'étouffe"




D'autres grands cinéastes font appel à lui. Renoir le rappelle pour "La Marseillaise" (j'ai lu quelque part qu'il n'aurait pas terminé le film, ne supportant pas de se voir "déguisé" !). D'ailleurs, il ne parle pas de ce film dans son autobiographie. Mais rappelons-nous l'arrivée des Marseillais à Paris, Blavette apparaît tout-à-coup sur l'écran et réclame au serveur "des tomates d'amour". C'est la seule scène où nous le voyons dans le film) ; Jean Grémillon dans "Remorques" et "Lumière d'été" ; Clouzot dans "Quai des Orfèvres", "L'eau Vive" de François Villiers où il joue le rôle du berger, oncle de la jeune Hortense.

A l'instar de Poupon, Blavette semble avoir privilégié sa vie privée à sa carrière professionnelle : 52 films (dont beaucoup de chef-d'oeuvre et pas un seul navet) en 33 ans de carrière. Il était l'ami de tous les acteurs provençaux, mais particulièrement l'ami de Raimu et Poupon. Il avait acheté une maison à Bandol ; ce qui lui permettait de voir fréquemment ses 2 plus chers amis quand ils étaient dans le coin. Chose étrange, lui et Raimu se vouvoyaient.

Ce qui caractérise le jeu de Blavette c'est la finesse avec laquelle il interprète les personnages. Ses rôles, il ne les jouait pas, il les vivait. Il a toujours accepté les rôles de gens simples, "du peuple". Il devenait un temps menuisier, berger, chasseur, rémouleur.... et toujours avec beaucoup de tendresse, d'humanité ! Dans "Manon des sources", c'est certainement le plus humain des hommes (avec Delmont). Ce sont ces deux acteurs qui rappellent aux villageois combien ils ont été injustes avec les Florette. Dans "la femme du boulanger" alors que tout le monde rit de la situation de cocu du boulanger (jusqu'à ce qu'ils soient privés de pain), il est d'une gentillesse extrême avec le boulanger ; il barre la route à Aurélie qui veut suivre le berger, en lui rappelant combien le boulanger est un brave homme.... Dans "Angèle", c'est lui encore, qui, tout malheureux, dit à Saturnin (Fernandel) "croire" avoir aperçu Angèle dans la rue du Tapis Vert (où elle se prostitue).

En 1952, dernier chef-d'oeuvre de M. Pagnol : Manon des sources :

 


Blavette, Poupon, Pellegrin, Arius, Vattier, Maffre et Berval au bar du Maire (Sardou). Puis Milly Mathis, Marthe Marty, Andrée Turcy et Ardisson

 


Pour une fois, semble-t-il, les cinéastes ne se sont pas trompés. Ils n'ont pu faire jouer à un homme aussi généreux, humain.... des rôles de "méchant" !!

Il est mort en novembre 1967 alors qu'il jouait dans le téléfilm "Jacquou le Croquant" et depuis, personne n'a pu le remplacer.


Bon ! Vous l'aurez compris ! Blavette a une place importante dans mon coeur

Sources : "confidences" de Pagnol - "Ma Provence en cuisine" de Blavette

 

 

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6 avril 2020

POUPON

 

Poupon-dans----

Poupon

 "Mon père m'a fait signe avec les yeux et il m'a dit -Bouscarle, Bouscarle, la source.............- et il est mort" - (Manon des Sources)

"Elle n'est plus d'ici parce qu'elle a épousé un de Peypin ; et c'est parce qu'elle est allée chercher son petit à Peypin qu'il est bossu"

 (La Treille/Peypin : 19 kms)

Poupon-Angele

Henri Sylvestre POUPON


Il naît à Marseille le 14 juillet 1884.
Deux génies du cinéma dans le même siècle : Raimu et Poupon. Car Poupon est un génie et comme Raimu, il ne s'en doute même pas. Dans les années 1910, il rencontre Blanche Allard (née à Marseille en 1890 et premier prix d'harmonie au Conservatoire de Marseile). Ils se marient en 1913 et forment un duo. Tous deux écrivent des chansons. Poupon écrit quelquefois des chansons et des sketchs grivois. Toutefois, Pagnol raconte que quelques chansons de Poupon ont eu un très grand succès en France. Pendant 2 ans, Blanche et Henri Poupon animent un cabaret à Marseille, "le Ouistiti", puis ils se produisent dans différentes salles à Marseille encore, dans la région et même au-delà. 
Dans les années 20, Poupon monte à Paris où il rencontre Raimu. Une belle amitié née entre les deux hommes, même si Raimu conscient de l'immense talent de Poupon, réagit vivement lorsque son nom est cité pour un film de Pagnol.
Le cinéaste raconte une belle histoire sur Poupon. Après avoir tourné un film, l'acteur allait à Bandol où il avait élu domicile. Il remboursait ses dettes, faisaient des cadeaux aux amis, puis à nouveau fauché, s'installait "à crédit" dans l'hôtel d'un ami, sur les quais du Port. Quand arrivait la saison touristique, Poupon montait d'un étage, jusqu'à devoir s'installer au 5ème étage de l'hôtel en pleine saison. Puis quand les touristes se faisaient plus rares, il descendait de 15 jours en 15 jours, d'un étage, jusqu'à se retrouver au 1er.

 

 

 Autre anecdote : un jour Pagnol l'appelle pour le rôle de sa vie, qui aura un succès retentissant. Mais Poupon est en pleine partie de pétanque. Partie qu'il ne veut pas perdre : "Je te rappelle demain". Il raccroche aussitôt au nez de Pagnol pour aller continuer sa partie. Il n'a pas joué dans le film : "Il a manqué une belle carrière professionnelle, mais il n'a pas manqué sa vie", conclut Marcel Pagnol.

Il tourne deux films avec Jean Hémard (qu'Andrex cite dans son autobiographie). Il croise Pagnol qui lui propose le rôle de Fonse dans "Joffroi". Il est formidable de gentillesse face à Joffroi/Scotto qui veut le tuer (puis se tuer) pour avoir arraché des arbres. Mais là où il donne toute la mesure de son talent, c'est dans "Merlusse" et "Angèle". Dans les deux films il tonitrue, gronde, menace et cache en réalité un homme sensible. Dans "Manon des sources" il ne craint pas d'être odieux, sans pitié pour les autres : "je me régale ! je me régale" !! Voilà ce qu'il dit chaque fois qu'il apprend une mauvaise nouvelle.
Poupon est en réalité l'acteur qui a le plus joué de films avec Pagnol ; 9 films au total :


Jofroi en 1932 
Angèle en 1934 (certainement son plus beau rôle)
Merlusse en 1935
Cigalon en 1935
Topaze en 1936
Regain en 1937 (le rôle d'un ami de Panturle)
Le schpountz en 1938
Naïs (Pagnol et Leboursier) en 1945
Manon des sources en 1952

Et il est surprenant de voir associer les noms de Pagnol et Raimu qui n'ont joué en réalité que 3 fims ensemble (quand on excepte "Marius" et "Fanny",tournés par d'autres cinéastes)


D'autres cinéastes ont fait appel à lui : Georges Lacombe, Marc Allégret, Jean Grémillon. Il a tourné quelques chef-d'oeuvre comme "gueule d'amour, "remorques", "Martin Roumagnac"...
Il meurt relativement jeune, à l'âge de 68 ans, en février 1953 à Toulon.

Sources : "Confidences" de M. Pagnol - "Ma Provence en cuisine" de Blavette

 

 

 

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28 mars 2020

Demazis Orane

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Demazis

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Henriette Marie-Louise Burgart - 

ORANE DEMAZIS

Elle est née à Oran en Algérie, de famille alsacienne (comme Fresnay et Harry Baur).
Elle fait le Conservatoire d'Art Dramatique de Paris d'où elle en sort en 1919. Elle est très vite remarquée par les plus grands et fait partie de 1922 à 1926 de la troupe Charles Dullin. Entre temps, en 1923, elle rencontre Marcel Pagnol qui la fait jouer dans "Jazz", puis écrit une pièce pour elle "Marius" dont elle aura le rôle principal et qu'elle jouera en 1929 au théâtre de Paris (appartenant à Léon Volterra dont le nom est indissociable de celui de Pagnol). En 1931, Korda tourne le film "Marius" pendant que Marcel Pagnol, lui, prépare une suite théâtrale : "Fanny" 

Demazis-TU-as-une-
- tu as une jolie bague, elle est en or ?
- je sais pas, je l'ai trouvée dans une pochette surprise (Fanny)

 Tu vas te laisser caresser par un vieux
"Tu vas te laisser caresser par un vieux ?!!!!!"

 

Raimu et Volterra étant fâchés, c'est Harry Baur (marseillais d'adoption) qui joue le rôle de César. 
1934 : Angèle aux côtés de Poupon (extraordinaire), Jean Servais (sublime), Andrex (qui montre son talent immense), Delmont (un mélange des 3 !!). Elle y est bouleversante. Certaines scènes sont inoubliables : la visite de Saturnin au bordel de la rue de la Fare (quartier Belsunce) ; lorsque son père l'enferme dans la cave et qu'il y a un très gros orage qui inonde le lieu où elle croupit avec son bébé ; son visage rayonnant d'espoir quand Albin vient lui parler.... !
Puis elle continue à tourner pour Pagnol : "César", "Regain" (magnifique), "le schpountz". 

regain-arsule

 En 1938, c'est la rupture avec Pagnol. Il a croisé le chemin de Josette Day. Elle tourne quelques films moins marquants avec d'autres cinéastes, jusqu'à ce qu'elle rencontre René Allio (Marseillais) qui la fait tourner dans "Rude journée pour la reine" où elle est émouvante dans le rôle de la vieille mère un peu martyrisée par ses enfants. Elle joue aussi pour Bunuël, André Téchiné, Jacques Demy !!!

En 1943, Orane a repris "Marius", "Fanny" et "César avec Alibert dans le rôle de Marius et tous les acteurs qu'on connaît : Raimu, Delmont, Vattier.... 
Son jeu un peu théâtral, sa voix parfois haut perchée disparaîssaient lorsqu'on voyait son regard tantôt coquin, tantôt éperdu d'amour pour Marius et d'autres fois révolté par un injustice. Orane était belle, si belle. Elle a eu un enfant avec Marcel Pagnol.
Au début des années 80 on ne la voit plus.

Elle nous quitte en 1991. Elle est enterrée à Paris.

Je marque ce jour-là d'une pierre noire.

 

 

               

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28 mars 2020

Delmont

Delmont

TU ES COCU-Delmont
- Alors, boulanger, il paraît que tu es cocu ?

faut-pasm'imterrompre
- Ha ! Ecoutez hein ! Ne m'interrompez pas, sinon j'oublie tout ! 
- En 1926, non en 1927 ! En 1926 ou en 1927 ?
- Et j'entendais le feuillage qui faisait vrouuuuu..... vrouuuuuuu ..... vrouuuuuuuuu !!!

Après que le boulanger ait fait mine de vouloir l'étrangler :
- Faï de ben a Bertran te lou rendra en caguant

(la Femme du Boulanger)


(né Edouard Marius Autran)

 

 Encore un acteur pour qui j'ai un très grand faible et lui aussi né à Marseille !


Edouard DELMONT nait à Marseille donc (dans le quartier de la Plaine) en 1883 (il a l'âge de Raimu). Il apprend d'abord le métier de forgeron. Puis, il se fait embaucher à l'Alcazar comme machiniste et plus tard comme régisseur. Certainement au contact de Mayol, Chevalier, Raimu, Andrée Turcy... a-t-il envie de faire du "musical". Il se décide. D'après Andrex dans "On ne danse plus la java chez Bébert" : "Delmont fût le comique à tout faire de l'Alcazar, prêt à toutes les cocasseries, toutes les improvisations et toutes les sauces". Il se décide comme tant d'autres à monter à Paris.
D'après Bazal-Baudelaire et Eche dans "Marseille sur scène" Delmont aurait beaucoup voyagé et aurait même tourné son premier film à Londres en 1912.

Dans la capitale, il y a une communauté marseillaise très solidaire. Dès qu'un acteur qui a fait carrière entend un nouveau venu parler avec "l'assent", il le prend sous son aile (Raimu et Maupi, Fernandel et Andrex....). Delmont, alors âgé de 48 ans, tourne son premier film en 1931 (film alimentaire où il a quand même le premier rôle). La même année, il joue le rôle de Le Gloarec dans "Marius", celui qui aux yeux de Fanny harcèle Marius afin qu'il s'engage dans la marine. Rappelons-nous aussi le rôle de Maillefer dans "la femme du boulanger"

 


(Alors, Boulanger ? Tu es cocu ?)

 

 

où il traîne en longueur pour raconter où il a vu la boulangère

 


(Alooooors euh ! Où j'en étais déjà)

 

 

Son jeu est jubilatoire. Il n'y a rien d'excessif dans sa façon d'être, de parler et pourtant on ne l'oublie pas. Même dans "Ali Baba" où il joue le rôle d'un homme assez odieux, puisqu'il vend et revend sa prétendue fille sur le marché aux esclaves, on oublie d'être horrifié, tant son jeu nous émerveille.

En 23 années, il tourne quasi 90 films. Des chef-d'oeuvre : la Trilogie, "Regain", "la femme du boulanger", "quai des orfèvres", "Le petit chose", "Manon des Sources", "Ali Baba et les 40 voleurs" et son dernier film "Les lettres de mon moulin"..., quelques films grand public et de très rares navets. Mais au contraire de quelques grands acteurs qui "baclent" leur jeu d'acteur quand ils s'engagent dans des navets, Delmont à l'égal de Blavette ou de Raimu est toujours excellent acteur, quel que soit le film qu'il sert. Détail surprenant : peut-être est-ce dû à son visage buriné, à sa maigreur, mais dans tous ses films, même les plus anciens, il a joué des rôles d'hommes mûrs, voir bien âgés !
Dans "L'Encinémathèque" on apprend qu'il a été marié 3 fois et que dans "les lettres de mon moulin", il était si épuisé qu'il fallait parfois rejouer quelques scènes sur le plateau (et le merveilleux M. Pagnol faisait des merveilles en "trafiquant" la pellicule et donnant l'impression que Delmont jouait en extérieur comme les autres acteurs).


Malheureusement il nous quitte en novembre 1955 (à l'âge de 72 ans). Il repose au cimetière de Saint-Pierre.


Sources : "L'Encinémathèque" - Wikipédia - "On ne danse plus la java chez Bébert d'Andrex - Website de Jean-Claude Autran 

 

 

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9 avril 2020

Sardou Fernand

 

Sardou

sardou-telephone
- "Grâce à une sage politique de gauche et à mon téléphone, j'ai pu alerter le Génie Rural.

- "Comme il y a un cochon par famille, il faut compter une centaine de cochons"

 

(né Fernand Sardou)


Fernand Sardou est né en 1910 à Avignon, par accident. Il n'a aucun lien de parenté avec Félicien Sardou, comme on a pu le lire, même si les deux familles sont provençales. Il est le fils de Valentin Sardou acteur, né à Toulon en 1868. En 1910, Valentin Sardou et Raimu jouaient au théâtre de l'Odéon à Paris. La femme de Sardou (Sardounette) était enceinte. Gentiment, Raimu demandait à l'acteur des nouvelles de sa femme. Mais Sardou agaçait quelque peu Raimu, avec ses blagues potaches. Un jour, voulant se venger, Raimu lui dit : "et où il va naître ton fils ? A Paris ? Mais ça va être un Parisien ?" ! Affolé, Valentin Sardou qui n'avait pas pensé à cela, envoie sa femme à Toulon. Elle s'arrêtera en cours de route pour accoucher : ce sera à Avignon !!


Sardou c'est la faconde méridionale, le farniente, la bonhommie doublée d'un peu de roublardise. Un visage rond, des yeux pétillants de malice, toujours une casquette sur la tête, quel que soit le temps.
Un temps, son père s'oppose à sa carrière musicale. Ses parents s'installent au Maroc. Sur l'insistance de sa grand-mère, il les rejoint. A la mort de ses parents (la même année) en 1933, il quitte le Maroc pour Paris. Entre 1938 et 1975, il tourne un peu plus de 75 films, entrecoupés de spectacles, d'opérettes.

Il entame sa carrière avec Pagnol en 1952 dans "Manon des sources" (il joue le rôle du Maire qui a été élu parce que lui seul a un téléphone !!). Puis dans "Les lettres de mon moulin", "Le curé de Cucugnan" (tiré d'une nouvelle de Blanchot de Benas reprise par Joseph Roumanille puis par Daudet) où il joue le rôle du curé et nous éblouit avec son sermon où il raconte son rêve ou plutôt son cauchemar, sous l'oeil rigolard du Meunier (Panisse). Il a tourné plusieurs films avec Henri Verneuil, mais aussi avec Jean-Pierre Melville, Claude Autant-Lara, Jules Dassin, Jean Renoir (excusez du peu !!)....


Il est mort en 1976 (bien trop jeune malheureusement) à Toulon.


Sources : "Raimu ou l'épopée de César" de Paul Olivier

 

 

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7 avril 2020

Raimu

 

                           Hommage à Raimu

 

Raimu

- Pour être cocu, il faut avoir une jolie femme. Et la tienne mon pauvre Maillefer, elle a plus de poils au menton que de rose aux tétons !!
- Voyons Félix, ne te fâche pas ! Tout le monde sait que tu es cocu !
- Monsieur Brun ne le savait pas, lui !
- Mais, c'est Monsieur Brun qui me l'a dit !!

 

(né Jules Auguste Cesar Muraire)

Raimu est né à Toulon en 1883. Très jeune, après avoir vu Félix Mayol sur scène, il rêve de monter sur les planches ! Gamin, il se fabrique un théâtre de marionnettes, joue des scènes devant les "minots" du quartier. Son père le ramène un peu brutalement "à la raison" ! A l'école, il est un peu le souffre-douleur des instituteurs : sa timidité et peut-être aussi sa grande taille doivent donner l'impression d'un grand dadet. Il est turbulent. Ses parents le mettent dans un pensionnat. Sa famille vit bourgeoisement, mais le père meurt alors que Jules à 15 ans. La famille apprend que depuis quelques années, le père a joué toute leur fortune. 

Jules doit travailler ; sa mère est un temps hébergée par des amis. Son frère aîné part faire fortune à l'étranger (il en reviendra ruiné !!). Jules trouve des petits boulots et en profite pour monter à nouveau sur les planches le soir ou le dimanche ; il se produit dans des petites salles où il sympathise avec Tramel, Valentin Sardou... Un jour, il se fait huer. Le directeur ému et qui ne veut pas le mettre dehors, lui propose d'être souffleur. Il accepte la mort dans l'âme. Mais une opportunité s'offre à lui : l'acteur principal Fortunet Cadet tombe malade. Rallum (c'est le nom d'artiste de Jules) qui connaît le rôle par coeur, le remplace et c'est le succès. Il quitte son trou de souffleur pour faire partie de la troupe. Il se produit encore de nombreuses années dans toutes les salles de Marseille et de toute la région. Mayol le remarque et lui propose de monter à Paris. Il refuse, reste encore quelques années dans la région, lorsque Mayol lui écrit pour lui dire qu'il a sa salle à lui "Le concert Mayol" et qu'il a un rôle magnifique à lui proposer. Raimu (qui s'était appelé Rallum, puis Raimut, choisit le nom d'artiste "RAIMU"), se décide enfin à monter à Paris. Il tourne beaucoup sur plusieurs scènes. Andrée Spinelly, actrice alors très en vogue le prend sous son aile au grand dam de Mayol qui perd un artiste de grand talent. On parle de Raimu dans les journaux. Guitry fait appel à lui pour jouer "Faisons un rêve", "le blanc et le noir" au théâtre. C'est un énorme succès. Il enchaîne avec les pièces. Et à l'avènement du parlant, il tourne avec Guitry "le blanc et le noir" (où il rencontre Fernandel débutant qui a un petit rôle de liftier), "faisons un rêve"..... ! Il joue dans les différents théâtres de Léon Volterra.

Pendant ce temps, Marcel Pagnol a écrit une pièce pour sa compagne d'alors, Orane Demazis. La pièce s'intitule "Marius" et se passe sur les quais du Vieux-Port. Pagnol propose la pièce à Franck, directeur de l'Alcazar. Celui-ci la refuse, car "c'est un chef-d'oeuvre et qu'elle doit être jouée à Paris" (Franck). Il la propose à Volterra  (Marseillais d'origine) qui, sur les instances de sa femme, l'accepte. Il faut maintenant trouver les acteurs.


- va voir Raimu ! Il a mauvais caractère, mais c'est un bon acteur.


Pagnol, timidement se présente à Raimu qui veut bien jouer la pièce, mais refuse d'être Maître Panisse. Il veut être César :
- Tu comprends, dit-il à Pagnol, je ne veux pas aller chez les autres. Ce sont les autres qui viennent à moi.

Puis les 3 hommes font la liste des acteurs qui joueront dans la pièce s'ils sont disponibles. Après bien des tergiversations Volterra impose Pierre Fresnay pour le rôle de Marius (il pense que le nom de l'acteur attirera les foules), Raimu propose ses amis Tramel et Pierre Blanchard (indisponibles), Maupi, Delmont, Dullac et Charpin qu'il a vu dans une pièce de théâtre. Pagnol pense à Alida Rouffe pour le rôle d'Honorine, Vattier pour Mr Brun. On termine la distribution et les répétitions commencent. Raimu s'occupera de la mise en scène !


"Ce fut pour moi une véritable révélation, une découverte et un enchantement" 
(Pierre Fresnay)


A sa sortie "Marius" est un succès colossal, phénoménal. Peu après, c'est l'avènement du parlant. On garde quasiment les mêmes acteurs pour jouer le film. La carrière de Raimu et sa réputation (fondée à mon avis) de plus grand acteur du monde sont lancées.




Mais Raimu le Provençal, le Méditerranéen est un anxieux, un inquiet. Pour être honnête, il a tout du Parisien : il est ponctuel, exigeant dans le travail, pointilleux.... Au théâtre, devant la caméra, quand il joue avec Pagnol il gère la mise en scène, car le cinéaste, lui, est persuadé que pour savoir si un acteur joue vrai, il faut juste l'écouter parler. Et pour cela, il s'enferme dans son caisson, écoute les voix des acteurs et donne son assentiment ou non. Raimu écrira plusieurs lettres à Pagnol où il lui reprochera son manque de rigueur quant à la mise en scène, aux horaires respectés....


"Parfois, Marcel, ce doux rêveur, quittait le plateau pour boire un pastis ou s'occuper de mécanique, et Raimu gérait" (Maurice Perisset dans "Raimu").


Pagnol a écrit une suite "Fanny". Pour permettre aux acteurs de payer leurs factures, Pagnol et Volterra ont l'idée de répéter dans la journée "Fanny" et de jouer le soir "Marius" ! Mais une violente dispute éclate entre le couple Volterra et Raimu qui est "renvoyé". Il ne jouera pas César. C'est Harry Baur qui le remplace. Alida Rouffe (Honorine) a eu un grave accident ; elle aussi est remplacée par Marguerite Chabert (qui jouera la mère d'Hyppolite dans "Manon des Sources). Pagnol ne traîne pas. Il met en préparation le film. Toutefois, bien qu'aimant le jeu de Harry Baur, il ne peut se priver de Raimu. Paul Dullac, malade est remplacé par Auguste Mouriès (qui s'en sort rûdement bien, même s'il est moins enveloppé !!). C'est encore un succès, on parle partout de Raimu de son talent immense, de son regard profond, de sa voix de basse qui murmure puis s'élève pour finir par gronder.

 

raimu-fernandel-puisatier


Est-ce la situation dans laquelle son père les a laissés, les souffrances et les privations vécues ? Mais Raimu réalise combien avec le cinéma on peut gagner vite et gros. Il ne cesse de tourner, malheureusement, quelques navets, entrecoupés de quelques pépites : "un carnet de bal" "les perles de la couronne", "L'étrange Monsieur Victor", "les inconnus dans la maison", "le colonel Chabert". Il sent bien qu'il fait fausse route, puisque bien souvent, de lui-même il porte un jugement critique sur le film qu'il a tourné ; mais rien n'y fait. Ce sont des disputes continuelles avec Marcel Pagnol. Et pourtant, quand il ne tourne pas et qu'il apprend que Pagnol est à Marseille entouré de Poupon, Delmont, Blavette, Milly Mathis, Alida Roufe... et tous les autres, ça le rend triste. Malgré cela, l'apparente nonchalance de son ami Marcel Pagnol l'agace.
Il tourne finalement peu de films avec lui : outre la Trilogie, on le reverra dans "la femme du boulanger" et "la fille du puisatier".


Malheureusement, son intransigeance aura peut-être eu raison de la patience (immense) de Marcel Pagnol qui a fini par donner certains beaux rôles à Poupon (tant mieux pour lui !!). 

Et puis....en 1938.... Pagnol et Raimu touchent au génie et tournent leur chef-d'oeuvre : "la femme du boulanger". Rôle proposé au départ à Maupi qui correspondait au personnage puis à Poupon, car Pagnol et Raimu était fâchés ! Que dire qui n'a pas été dit ! Rien, sinon qu'il faut se rendre à l'évidence : RAIMU EST UN GENIE. Il bouleverse l'Amérique et les New-Yorkais pendant 5 ans (le film reste dans la même salle 5 années durant et obtient le Prix de la critique New-Yorkaise) ; il bouleverse le monde entier (sans exagération puisque le cinéma français circule partout dans le monde). La encore, il fera quelques colères. L'idée que Vattier joue le rôle du curé l'exaspère (en réalité, il n'avait pas digéré que Vattier ait le beau rôle en citant un poème de Sully-Prud'homme après la mort de Charpin dans "César"). Pourtant, plus tard, il fera son mea culpa. Mais c'est lui qui imposera Ginette Leclerc dans le rôle d'Aurélie. 


Nous devons donc nous contenter de ces 5 rôles où il est sublime. 

En 1940, il joue donc "La fille du Puisatier", puis enchaîne avec "Monsieur la Souris", le chef-d'oeuvre "les inconnus dans la maison", "le Colonnel Chabert" "L'Arlésienne", "L'homme au chapeau rond".... films où il montre une fois de plus son immense talent, si nous en avions encore le moindre doute.


Orson Welles disait qu'il était le plus grand acteur du monde. Ce qui avait mis en rage Michel Simon qui pensait avoir ce privilège. Dans une biographie, Arletty explique que ce qui faisait le succès de Michel Simon c'était la particularité de son visage alors que Raimu avait un talent inoui.

Le 20 septembre 1946, il rentre en salle d'opération pour une bégnine intervention. Une heure plus tard, vers midi, le chirurgien annonce à Esther Raimu que son mari a fait un arrêt cardiaque.

Le monde perd son plus grand acteur et la France pleure !

 


Quelques anecdotes amusantes 


Apprenant que Fresnay, sociétaire de la comédie française, va jouer le rôle de Marius, Raimu s'exclame :
- On a engagé le marquis de Priola pour jouer Marius !

Apprenant que c'est un cinéaste américain (Alexander Korda) qui va tourner "Marius" :
- ils ont fait venir un cinéaste d'OLIVODE pour tourner le film !!

Un jour où Raimu faisait "son beau", Pagnol lui dit :
- Jules, maintenant ça suffit ! Tu es là, gonflé comme un melon de Cavaillon. Tu parades, tu fais le paon, on dirait le plus infatué des sociétaires de la Comédie Française ! Un jour tu te prends pour Talma, un autre pour Mounet-Sully ; une bonne fois pour toutes, est-ce que tu ne pourrais pas te prendre pour Raimu ?
- J'oserais jamais ! Répondit Raimu, feignant la confusion !!

A la sortie du film "la fille du puisatier", Raimu voit une affiche avec le visage de Josette Day en gros plan et en médaillon, en bas, les visages de Raimu et Fernandel :

- "vé ! Blanche Neige et les deux nains", s'exclame Raimu.

 

 

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8 avril 2020

Rouffe Alida

 

Rouffe


"Ha parce que votre fils il est bô, il doit épouser la fille de Rochile"

"Promettez-moi que si elle vous trompe, vous ne la tuerez pas
"C'est simple, dès que je la vois, je lui fous un pastisson et je lui coupe la tête en deux"

 

(née Josephine Marie Rouffe)

Alida Rouffe est née à Bordeaux en 1875, par "accident". Son père était un célèbre mime né à la Tour d'Aigues (près de Pertuis). Souffrant, Deburau fit appel à lui pour le remplacer à Bordeaux. En 1875, la famille vient sur Marseille où Alida grandit et "aiguise" sa voix dans des salles. Elle devient chanteuse d'opérette et se produit quelquefois dans des opéras de la région et même au-delà, sans toutefois dépasser le Massif Central. Elle refuse de faire carrière à Paris. Lors du choix des acteurs pour la pièce "Marius", Raimu donne quelques noms qui sont acceptés par Pagnol et Volterra. Mais c'est Pagnol qui propose Alida Rouffe. Il a grande opinion de cette actrice:
"Fille de mime qui fut célèbre, c'était une enfant de la balle, et elle avait tous les talents : le music-hall, la revue, la comédie, le mélodrame et l'opéra" (M. Pagnol dans "Confidences")


Il la cherche et la trouve à l'opéra de Nimes. Elle ne veut rien entendre. Pour l'inciter à monter à Paris, Pagnol, lui dit :

- Volterra te donnera 200 francs par jour !
- Je ne te crois pas ! Donne-moi ta parole !

- tu as ma parole !
- Bon d'accord, mais je veux voyager en 2ème classe. Parce que je n'ai plus 20 ans pour voyager en 3ème.
- je te réserve un wagon-lit rien que pour toi !
- Alors là je ne te crois plus !!!
(Pagnol "Confidences").

 

HONORINE-estransinée
"Mon Dieu, César, je suis toute estransinée"

Elle est irrésistible dans le rôle d'Honorine. Même Raimu semble prendre un plaisir immense à jouer avec elle. Chacune de ses phrases est d'anthologie. Pagnol raconte dans "Confidences" que les journaux parisiens étaient dithyrambiques à son sujet et qu'ils lui consacraient de grands articles, mais elle n'en avait cure. Un jour, elle montra à Pagnol une coupure de journal de quelques centimètres qu'elle avait accroché au mur avec 3 lignes : "Nous apprenons que notre compatriote, Alida Rouffe a eu un grand succès à Paris. Nous lui adressons nos félicitations" ! Et cette coupure du "Petit Provençal" était pour elle la consécration.


Entre deux films de Marcel Pagnol, elle joue dans des films où se retrouvent presque tous les acteurs provençaux : "Mademoiselle Nitouch", "Toine". Avec M. Pagnol, elle continue la trilogie : "Fanny". Elle est plus sage dans "César". Entre "Fanny" et "César" elle tournera dans "Cigalon" et elle jouera le rôle de Céleste, la bonne du curé dans "la femme du boulanger"



 (Gustave Merle, assis, Odette Roger, Maximilienne et Alida Rouffe)


Elle nous quitte en 1949 à Marseille et repose au cimetière Saint-Pierre

 

Sources : "Confidences" de M. Pagnol - La revue "Marseille"

 

 

                                     frise-farandole

 

 

 

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Et si je me présentais à vous

Je m'appelle Fanny, née et vivant à Marseille ! Enfant, j'ai été "bercée" par les films de Carné, Renoir, Duvivier, Abel Gance.... !

Si vous êtes de ma génération, vous devez vous en souvenir  : celui que nous espérions et attendions avec impatience le dimanche après Télé-Dimanche à 17 h ou le soir devant notre minuscule écran (plus profond que large), c'était bien sûr, Marcel Pagnol, notre troubadour, notre conteur, notre griot !! "Fanny", "Escartefigue", "Angèle", "Marius" "Arsule", "César" "Patricia", "Maillefer", "Manon", "Tonin",  "Honorine", "Tante Claudine"..... Tous ces êtres qui semblent tout droit sortis d'un conte de fée !

J'avais envie de vous dire ma passion, mon amour pour eux ! Pour beaucoup, je sais que nous partageons cet amour du cinéma de Pagnol ; pour les autres : bienvenus et merci de me lire ! 

Bonne lecture

Fanny

Sites autour de la Provence
Voici quelques jolis sites sur le cinéma et la musique en Provence 

Dès l'ouverture du site (magnifique), vous pouvez voir une photo du film "Angèle" !
https://www.marcel-pagnol.com/fr/

Un site passionnant sur (presque) tous les acteurs et actrices du monde
http://www.encinematheque.fr/index.php

Une pépite d'or : textes de chansons, partitions, musiques, biographies.... d'auteurs, compositeurs marseillais. Une mine d'or et des infos passionnantes sur Blanche et Henri Poupon
https://marseillechansons.pagesperso-orange.fr/index.html

Un autre site extraordinaire et foisonnant sur la vie artistique, d'une petite ville du Var et quelques infos sur Edouard Delmont :

http://jcautran.free.fr/index.html
cinéma provençal et marseillais
Pages
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