Bassac Robert
"Va-t-en espèce de brigadeù, va te cacher fondu"- (La femme du boulanger)
(né Robert Bassac)
Ce merveilleux acteur est né à Nice en 1910.
Pas très grand, mince, le visage plutôt anguleux, des lunettes qui lui "bouffent" le visage. Voilà Robert Bassac.
D'abord rédacteur au "Petit Provençal" (avant que le journal ne se déclare pro-vichyste puis ouvertement pro-nazi), Alexandre, sociétaire de la Comédie Française l'entend réciter des poèmes, l'aide à se lancer dans la carrière artistique. Tès vite, il a Françoise Rosay comme marraine (que rêver de plus !!).
C'est Pagnol qui le "remarque" au théâtre du Gymnase à Marseille (dont le directeur est Franck Esposito, directeur également de l'Alcazar). Pagnol lui propose un petit rôle dans "César" (l'ami de Césariot). Il impressionne déjà par son jeu vrai, juste. Puis il est cité dans "Regain" !!
(Hé oui ! C'est vraiment un village de crétins)
Enfin c'est la consécration, rapide, fulgurante : il joue le rôle de Dromart, l'instituteur dans "la femme du boulanger".
"Ha ! viens que je dénude ce corps, que je flatte cette croupe"
Il est irrésistible, quand Mademoiselle Angèle, grenouille de bénitier, refuse de rentrer chez elle afin de permettre à la boulangère de réintégrer son foyer sans devoir affronter le regard hostile des villageoises. Voyant que Melle Angèle reste sur le trottoir, l'instituteur lui fait une déclaration d'amour enflammée : "viens que je dénude ce corps, que je flatte cette croupe". Affolée, celle-ci se barricade chez elle et tout en fermant ses volets lui dit "Monsieur, si vous avez des intentions sérieuses, venez demain au grand jour" !!! Une autre scène est jubilatoire : quand l'instituteur et le curé se disputent au sujet de l'instruction des enfants. La conversation se termine par des insultes : "brigadéù" "vade retro satanas", "va te cacher fondu" !!!. La aussi, fou-rire garanti. Puis il tourne 3 films "parisiens". Il n'aura pas eu le temps de jouer dans "La fille du puisatier", "Manon des sources", car dès 1939, alors âgé seulement de 29 ans, il s'engage dans la guerre. Il est tué lors d'une patrouille. Il reçoit à titre posthume la médaille de la Croix de guerre.
Sa dépouille est ramenée à ses parents en 1943. Il est alors enterré à Vallauris.
Il nous manque quelque chose dans le cinéma provençal. C'est lui, avec sa voix bien particulière, sa silhouette droite, toujours alerte, sa droiture, son empathie pour les plus faibles, sa tolérance et son amour de l'Humain.
Sources : L'Encinémathèque - "Confidences" de Pagnol -