Doumet Louis
(né Louis Alfred Doumel)
Il est né en 1889 à Marseille.
Il n'a tourné qu'un petit rôle dans "César" (rôle décisif dans les retrouvailles de Marius et Fanny, tout de même). Toutefois, sa vie est si incroyable que j'ai envie de la relater succintement quand même. Il sert dans la Marine Nationale mais se retrouve en prison pour insoumission. Puis il va dans la Légion où il est condamné à 5 ans de prison. Pour passer le temps, il raconte des histoires à ses compagnons d'infortune. C'est le succès. Il travaille pour se perfectionner. A sa libération, il fait une tournée comme fantaisiste avec Les Frères Brothers. En 1925, il fait enfin l'Alcazar. Il plaît. Il a de l'humour, du bagout. Un soir, il passe après une célébrité qui a un succès extraordinaire. Il arrive sur scène et dit :
- C'est une gamate qui vient de passer avant moi. Vous avez vu l'élève. Vous allez voir le professeur !
Il salue souvent son public. C'est qu'au fond de son canotier il y a des "sèches". Dès 1926 il tourne des films avec des cinéastes aujourd'hui oubliés, si ce n'est Edmont T. Greville ou Pierre Hugon (l'auteur de "Maurin des Maures" ou de "Romarin" et grand ami de M. Pagnol). En 1936, Pagnol fait appel à lui pour jouer le rôle de l'associé de Marius dans "César". Il tourne son dernier film en 1940.
Il ouvre un restaurant à Paris "Chez Doumel" et fait venir des comiques de Marseille. Le tout Paris se presse pour déguster oursins et homards. Puis c'est l'occupation. Doumet n'a aucune difficulté à s'approvisionner. Mais un jour, un "politique" qui ne peut avoir de réservation (il faut réserver au moins 3 jours avant), se vexe, dénonce Doumet qui doit payer une amende colossale. Il vend ses biens, s'installe à Montmartre, fait de la peinture. Ca ne lui rapporte rien. Sa Provence lui manque. En 1952, les villageois de Reillanne (tout près de Manosque et Forcalquier) voient un monsieur débarquer chez eux (pourquoi Reillanne ? Connaissait-il quelqu'un ?). Ils reconnaissent Doumet. Il tente de faire sa vie dans ce joli village en cultivant, en jouant à la pétanque..... mais il s'ennuie terriblement. Un soir, il prend des barbituriques, va au bord de la fenêtre avec un noeud coulant autour du cou. Il attend la mort qui vient le happer le 23 mai 1954.
Sources : Marseille sur scène de Bazal-Baudelaire-Eche